Même s’il n’a pas été conçu spécifiquement pour financer « les vieux jours », le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) peut s’avérer très utile dans une planification de la retraite.
Chaque année, tous les adultes canadiens voient leurs droits de cotisation au CELI se cumuler, jusqu’à atteindre un maximum 88 000 $ en 2023 (pour une personne qui avait déjà 18 ans à la création du régime, en 2009). Puisque les rendements et les retraits y sont entièrement soustraits à l’impôt et qu’on peut accéder facilement à son argent, le CELI est souvent vu comme la solution d’épargne pour « tout le reste », pendant que le bon vieux régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est privilégié pour la retraite.
Les deux peuvent pourtant être utilisés de façon complémentaire. Survol.
Comprendre le REER et le CELI
Le REER et le CELI sont deux solutions d’épargne fiscalement avantageuses. Dans les deux cas, les sommes que vous investissez croissent entièrement à l’abri de l’impôt. Il existe cependant une différence importante. Le REER, en effet, est un régime à impôt reporté : votre cotisation est déductible aux fins de l’impôt mais, à la retraite, tous vos retraits seront considérés comme un revenu imposable. Dans le cas du CELI, votre cotisation n’est pas déductible. En revanche, vos retraits ne seront pas considérés comme un revenu imposable.
Autre différence : lorsque vous atteignez 71 ans, votre REER doit être converti en un véhicule de décaissement comme une rente ou un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), où vous devrez faire des retraits imposables chaque année. Le CELI ne comporte pas de telles contraintes et vous pourrez l’utiliser aussi longtemps que vous le voudrez.
Alors… REER ou CELI ?
D’un point de vue mathématique, un facteur clé fera en sorte qu’il sera plus avantageux, une fois à la retraite, d’avoir investi des sommes dans le REER ou dans le CELI : votre taux d’imposition. Comme on peut le voir ici, le REER sortira gagnant si votre taux marginal d’imposition est plus bas à la retraite que lors de la cotisation – ce qui est souvent le cas. Dans cette situation, en effet, vous paierez moins d’impôt sur vos retraits que vous n’en avez épargné sur vos cotisations. Dans le cas inverse, le CELI aura l’avantage.
Si vous prévoyez que votre taux d’imposition à la retraite sera plus élevé que lors de vos cotisations, vous pourriez donc avoir avantage à privilégier le CELI. Voici deux cas de figure.
- Vous êtes en début de carrière et vos revenus vous placent dans un palier d’imposition inférieur
Vous pourriez gagner à privilégier le CELI, quitte à retirer les sommes et à les cotiser à un REER lorsque vos revenus augmenteront et qu’une cotisation REER engendrera une déduction plus grande.
- Vous avez des revenus beaucoup moins élevés durant une année donnée
Pour la même raison, une cotisation REER pourrait être plus avantageuse dans une année future.
Cinq autres bonnes raisons
Si on fait abstraction des taux d’imposition, il pourrait y avoir d’autres raisons de ne pas oublier le CELI dans la planification de votre retraite. En voici cinq.
1. Le CELI n’a pas d’incidence sur la Sécurité de la vieillesse
La pension de la Sécurité de la vieillesse, à laquelle tous les Canadiens ont droit à partir de 65 ans, comporte un « seuil de récupération ». Si vos revenus imposables dépassent ce seuil, vous devrez rembourser vos prestations en tout ou en partie. Comme les retraits d’un REER ou FERR sont des revenus imposables, ils pourraient vous faire dépasser ce seuil. Ce n’est pas le cas avec un CELI.
2. Le CELI n’a pas d’incidence sur les autres prestations basées sur le revenu
Pour la même raison, des retraits du CELI ne viendront pas toucher votre admissibilité à d’autres prestations gouvernementales basées sur le revenu imposable.
3. Le CELI peut pallier les limites de votre facteur d’équivalence
Si vous disposez d’un régime de retraite offert par votre employeur, votre plafond de cotisation REER est réduit par ce qu’on appelle votre facteur d’équivalence. Les cotisations CELI ne sont pas sujettes à ce facteur. Vous pouvez donc vous en servir pour mettre à l’abri de l’impôt des sommes que votre REER n’est pas autorisé à recevoir.
4. Le CELI peut facilement être utilisé en tout temps
En cas d’imprévu, il peut être pratique d’avoir accès rapidement à des fonds que l’on destinait à la retraite. Un CELI peut donc être plus souple qu’un REER à cet égard. En revanche, une fois à la retraite, vous n’aurez pas l’obligation d’effectuer des retraits chaque année, comme avec un FERR, par exemple.
5. Les droits de cotisation CELI ne sont pas liés au revenu
Vos droits de cotisation à un REER sont établis en fonction de votre revenu gagné de l’année précédente. Ce n’est pas le cas avec un CELI. Si vous disposez d’une somme, par exemple un petit héritage, que vous voulez mettre de côté pour la retraite mais que vos droits REER sont insuffisants, le CELI pourrait être utile.
Enfin, un dernier avantage pourrait se présenter… à votre décès. Dans les provinces ou territoires qui reconnaissent la désignation de bénéficiaire de CELI, un survivant peut être nommé comme titulaire remplaçant du CELI à certaines conditions. Si celles-ci sont remplies, le survivant peut devenir le nouveau titulaire du CELI immédiatement après le décès du titulaire, sans passer par le processus de liquidation de la succession. À noter cependant que ce n’est pas le cas au Québec.
Comme on peut le voir, un CELI pourrait bien s’avérer utile « pour tout le reste »… et pour la retraite. Pour voir comment ses avantages pourraient s’appliquer à votre situation, consultez votre conseiller.
Cet article a été initialement publié sur le site Web de SFL.
Sources :
Agence de la consommation en matière financière du Canada, « Comparaison des options d’épargne-retraite».
Agence de Revenu du Canada, « Guide du compte d’épargne libre d’impôt (CELI) pour les particuliers ».
Autorité des marchés financiers, « Guide de la planification financière de la retraite 2020-2021 ».
CPA, « REER ou CELI : quel véhicule d’épargne choisir? ».
Desjardins, « Foire aux Questions — CELI » ; « Quelle est la différence entre le REER et le CELI?».
Institut C.D. Howe, « Saver’s Choice: Comparing the Marginal Effective Tax Burdens on RRSPs and TFSAs ».
MoneySense, « RRSP vs. TFSA: Which is right for you? » ; « TFSA vs RRSP: How to decide between the two ».