Depuis 2006, octobre est considéré comme « le mois de la PME » au Canada. Alors qu’on s’apprête à souligner à nouveau l’importante contribution des petites et moyennes entreprises à notre économie, voici quelques repères qui pourraient vous être utiles si vous envisagez vous-même de démarrer une entreprise.
Chaque jour, pas moins de 260 entreprises sont créées au Canada, pour un total de quelque 95 000 par année. Quels sont les facteurs clés qui leur permettront de se développer et de s’épanouir?Le sondage annuel de Startup Canada fournit des informations intéressantes à cet égard. Comme on peut le voir ici, bien que le financement constitue à n’en pas douter le facteur le plus critique pour le nouvel entrepreneur, le soutien non financier, sous la forme, par exemple, d’aide au plan d’affaires, de mentorat et de conseils, semble tout aussi essentiel. À titre indicatif, 84 % des entrepreneurs consultés disent avoir dû passer eux-mêmes plus de 100 heures à faire de la recherche pour comprendre toutes les composantes de leur projet d’affaires.

Graphique linéaire représentant le taux de survie moyen des entreprises, au Canada, selon le nombre d’années suivant leur fondation. On voit que le taux de survie chute de façon presque constante jusqu’à atteindre 70 % à l’année 5, 60 % à l’année 7 et 50 % à l’année 10.

D’où la question : où vous tourner pour obtenir l’aide dont vous avez besoin?

D’abord le conseil

Un bon point de départ pourrait bien être une personne que vous connaissez déjà : votre conseiller financier. Un projet d’entreprise, en effet, peut avoir un effet important sur le plan de match que vous aviez en place : épargne-retraite, épargne-études, assurances et sécurité financière, etc. Votre conseiller peut vous aider à mesurer l’impact de votre projet sur ces autres piliers de votre situation financière et identifier les modifications à apporter pour optimiser vos chances de succès.

Son réseau, qui compte probablement d’autres entrepreneurs, pourrait aussi vous aider à trouver du soutien sous la forme, par exemple, de coaching ou de mentorat.

Une autre façon d’accélérer les choses lorsqu’on débute est de se tourner vers un incubateur d’entreprises. Ceux-ci permettent à de jeunes pousses de s’installer dans leurs locaux et de partager des ressources administratives, logistiques et techniques. Une entreprise peut demeurer quelques années dans un incubateur avant de voler de ses propres ailes. Cette solution lui permet de minimiser ses frais dans ses premières années et d’avoir accès à de précieuses ressources.

Financement : de la famille jusqu’à l’investisseur en capital de risque

Le financement d’une nouvelle entreprise repose généralement sur plusieurs étapes, chacune étant censée lui assurer ce dont elle a besoin pour assumer ses frais (à commencer par les salaires du personnel) jusqu’à la prochaine étape. Typiquement, la séquence des étapes sera la suivante : amorçage, démarrage, post-démarrage, croissance et expansion.

Voici les principales sources de soutien vers lesquels l’entrepreneur peut se tourner dans ce long parcours.

  • L’argent des proches (« love money »)
    Au départ, un entrepreneur ne dispose pas nécessairement d’un dossier assez éloquent pour obtenir un financement externe : on lui demandera même, parfois, d’avoir déjà un certain nombre de clients et certains revenus, ce qui agira comme une forme de validation pour des prêteurs ou des investisseurs. Il lui faudra donc investir d’abord de son propre argent et de son temps (plusieurs entrepreneurs ne se versent pas de salaire pendant plusieurs années), voire demander un coup de pouce aux proches et à la famille. Cet argent des proches (« love money » en anglais) est très souvent ce qui permet à l’entrepreneur d’amorcer son projet d’affaires.
  • Les prêts et les subventions
    Les gouvernements et les institutions financières offrent différentes mesures d’aide aux entrepreneurs, sous la forme de subventions, de prêts et même de ressources d’aide. Pour ce qui est des programmes de soutien publics, un bon point de départ est « l’Outil de recherche d’aide aux entreprises », un service interactif créé par le gouvernement du Canada.
  • Le sociofinancement
    Apparu à la fin des années 1990, le sociofinancement (ou financement participatif) connaît une grande popularité depuis 15 ans grâce à l’émergence de plateformes en ligne performantes. Il permet aux entreprises de lever des fonds en recueillant de petites contributions individuelles auprès d’un grand nombre de donateurs. Ces derniers recevront en échange une participation aux bénéfices, un rendement en intérêts ou, le plus souvent, une récompense ou un privilège, par exemple un accès en primeur, à prix réduit ou gratuit au nouveau produit développé par l’entreprise.
  • Les anges
    Les « anges investisseurs », ou investisseurs providentiels, sont des particuliers fortunés, souvent eux-mêmes entrepreneurs ou ex-entrepreneurs, qui prennent une participation dans des entreprises en amorçage ou en démarrage en y investissant une légère somme. Les anges s’efforcent aussi de faire profiter l’entrepreneur de leurs conseils et de leur réseau. En échange de cet effort et de leur prise de risque, ils s’attendront généralement à influencer directement les décisions, voire à siéger au conseil d’administration.
  • Le capital de risque
    Les firmes d’investissement en capital de risque prennent des participations dans des entreprises à divers stades de leur cycle de financement, en misant sur la capacité de ces entreprises d’apporter dans le marché des solutions, des services et des produits qui se démarqueront. Typiquement, ces investissements très risqués seront dédiés à des entreprises développant de nouvelles technologies de pointe, par exemple dans les domaines de la médecine, de la biopharmaceutique, de l’environnement ou de la finance. Ce n’est donc pas une solution pour toutes les entreprises, d’autant plus que plusieurs entrepreneurs préféreront ne pas céder le contrôle de leur entreprise, mais l’entrepreneur qui voit grand et loin se tournera très souvent vers ce levier de croissance.

Être conscient des risques

Les fondateurs d’une nouvelle entreprise ont généralement des visées ambitieuses… mais disposent parfois de plus d’enthousiasme que de ressources. Comme l’illustre le graphique suivant, une entreprise sur trois, environ, ne survivra pas au-delà de cinq ans. Après 10 ans, la moitié n’existeront plus.

Graphique à barres illustrant les réponses des entrepreneurs consultés quant à l’aide dont ils ont besoin pour démarrer leur entreprise. Environ 70 % ont mentionné le financement, 58 % le plan d’affaires, 50 % le mentorat, 45 % un soutien web et marketing, une aide à l’incorporation et des conseils fiscaux. Environ 40 % ont parlé de conseils légaux, entre 25 et 30 % ont mentionné les connaissances et l’adoption de technologies, et un peu plus de 20 % ont dit avoir besoin d’aide pour présenter leur dossier, c’est-à-dire leur « pitch deck » en anglais.

Démarrer une entreprise peut donc exiger du courage, mais aussi des moyens et, surtout, un réseau pour ouvrir des portes et apporter de l’aide.

N’hésitez pas à consulter votre conseiller avant de faire vos premiers pas.

Sources
BDC, « 7 sources de financement de démarrage».
DMZ, « Launchpad for Entrepreneurs présenté par Desjardins».
Espace CDPQ, « Des investisseurs en capital de risque qui unissent leurs forces ».
Fundsquire, « Business Startup Statistics Canada (2022 Update)».
Gouvernement du Canada, « Outil de recherche d’aide aux entreprises ».
Startup Canada, « 2021 Startup Canada Census Report ».
The Small Business Summit, Small Business Summit 2022 .