Bien que certaines personnes connaissent exactement l’heure et le jour de leur retraite simplement en regardant leur feuillet de régime à prestation déterminée de leur employeur, ce n’est pas le cas de tout le monde. Plusieurs d’entre vous n’ont pas ce système de retraite déjà en place, qui soustrait un montant du chèque de paye hebdomadaire. C’est donc votre responsabilité, en tant que salarié, travailleur autonome ou propriétaire d’entreprise, de planifier votre retraite avant qu’il soit trop tard.
Pour vous donner un exemple, le taux d’épargne actuel des Québécois est seulement de 6 %. Cela signifie que 94 % de votre paye est consacré à la consommation, et 6 % à l’épargne pour la retraite, vos projets, votre fonds d’urgence, etc. C’est inquiétant, non?
Une chose certaine, c’est trop peu. On se justifie souvent en disant vouloir d’abord profiter de la vie à fond et vivre le moment présent. Par contre, le futur arrive plus vite qu’on le pense. C’est ce que je vois souvent auprès de mes clients qui arrivent à 40 ans et se posent les vraies questions concernant leur retraite : vais-je pouvoir la prendre un jour? Vais-je avoir assez d’argent?
C’est le genre de question qu’une personne normale de 20 ou 30 ans ne se pose pas, car elle commence dans la vie. Elle a son premier emploi, commence une vie à deux, achète sa première maison, cherche la liberté, a des enfants… Comment voulons-nous faire autrement? La vie est en changement et c’est bien plus excitant, quand on est jeune, d’aller fêter avec ses amis dans les bars, d’aller au resto, de voyager et de s’habiller au goût du jour que de planifier sa retraite — qui n’arrivera jamais, pense-t-on, tellement c’est loin.
D’un autre côté, ayez en tête ceci : l’argent reste une mesure de liberté de nos jours. Celui-ci doit travailler pour nous, et non le contraire. Il est normal de travailler en échange d’argent, mais il est encore plus intéressant de faire travailler l’argent pour nous afin de se la couler douce. Si je vous posais la question suivante :
Aimeriez-vous mieux travailler pour l’argent ou faire travailler l’argent pour vous?
La réponse est assez évidente, non? Je ne parle pas nécessairement de cesser de travailler, car si vous aimez ce que vous faites dans la vie, vous êtes choyés et c’est tant mieux. (Continuez à le faire par passion, mais pas seulement pour l’argent, car vous trouverez le temps long, c’est garanti.)
Donc, si vous souhaitez que l’argent travaille pour vous, pourquoi seulement 6 % de vos revenus sont-ils consacrés à l’épargne contre 94 % à la consommation? On veut bien faire travailler notre 6 %, mais il ne travaillera pas fort; du moins ça, lui prendra énormément d’années avant de pouvoir financer votre paye.
Heureusement, au Québec, nous avons la chance d’avoir trois véhicules fiscaux très avantageux : le REER, le CELI et le REEE. Ne pas y participer à fond est une erreur, peut-être causée par un manque d’éducation financière.
Première voie pour planifier sa retraite : le REER
Le REER permet de reporter l’impôt sur 18 % de votre salaire brut. Si votre taux d’imposition marginal est de 50 %, chaque dollar investi dans votre REER fait diminuer votre revenu du même montant, donc le gouvernement vous retourne 50 % payé en trop.
Allons-y avec un exemple : vous avez un revenu de 150 000 $ par année et vous investissez 10 000 $ dans votre REER. Le gouvernement vous retournera un chèque de 5000 $, soit une économie d’impôt d’environ 50 %. Réellement, votre investissement de 10 000 $ dans un REER vous aura coûté 5000 $. C’est de la magie, non? Celui-ci capitalisera à l’abri de l’impôt jusqu’à votre retraite, donc 100 % du rendement sera exempt d’impôt jusqu’à ce que vous le décaissiez. C’est seulement à la retraite qu’il faudra être stratégique pour sortir les fonds en minimisant l’impôt. Par exemple, on peut sortir un revenu dans une tranche d’impôt beaucoup plus petite que 50 %, soit peut-être 20 ou 30 %, et du coup, votre REER aura été votre meilleur investissement.
Au fait, si vous ne pouvez pas investir 18 % de votre revenu brut, il est possible de reporter aux années suivantes les cotisations inutilisées. Ce n’est pas un chiffre au hasard; c’est le pourcentage qu’il faudra investir pour avoir un plein salaire à la retraite. Pensez-y : si ce 18 % ne vous coûtait que 9 % en réalité grâce au remboursement d’impôt, ça en vaudrait la peine, non?
Deuxième voie pour planifier sa retraite : le CELI
Les droits de cotisation dans le CELI sont établis à 6000 $ par année. En 2021, la somme des cotisations possibles atteint maintenant de 75 500 $. Selon moi, c’est l’un des plus beaux véhicules d’investissement, car celui-ci travaillera pour vous, et ce, de façon totalement libre d’impôt en toutes circonstances, tant en accumulation qu’au retrait. En plus, il ne s’ajoute pas à votre revenu de l’année courante, c’est donc une belle façon de diversifier ses sources de revenus à la retraite.
Plusieurs de mes clients, parmi les plus disciplinés, utilisent le remboursement d’impôt de leurs cotisations au REER pour investir dans leur CELI. Par exemple, s’ils investissent 12 000 $ dans leur REER et qu’ils ont un remboursement d’impôt de l’ordre de 50 %, ils reçoivent 6000 $, qui seront automatique injectés dans le CELI. C’est une belle façon de payer 12 000 $ de sa poche en investissant réellement 18 000 $ avec les remboursements d’impôt. Pensez-y : bien souvent, le poste de dépense le plus important dans votre famille reste l’impôt, donc mieux vaut bien jouer ses cartes pour le minimiser et en avoir davantage dans son portefeuille.
Troisième voie pour planifier sa retraite : le REEE
Le dernier et non le moindre, le REEE, ou Régime enregistré d’épargne-études. Avec une subvention de 30 % sur chaque dollar investi, c’est un vrai cadeau! Surtout que bien souvent, il n’y aura aucun impôt à payer à la fin. Pouvons-nous nous en priver? Le droit de cotisation est de 2500 $ par année par enfant, auquel le gouvernement ajoute 30 % dès l’ouverture de votre régime. Probablement que juste avec les subventions et le rendement, votre enfant pourra se payer l’ensemble de ses études postsecondaires, et vous pourrez reprendre votre investissement pour le mettre dans votre CELI ou votre REER, par exemple.
Certains me diront : « Oui, mais après avoir investi dans ces trois véhicules financiers, il ne me restera plus d’argent pour vivre! » Il faut comprendre que je m’adresse d’abord et avant tout aux gens aisés, car c’est la clientèle que notre cabinet sert depuis maintenant 20 ans. Cela étant dit, tout le monde peut commencer tranquillement à épargner et à adopter avec le temps de saines habitudes financières. Si vous avez toujours eu l’habitude de dépenser 100 % de votre chèque de paye, le fait de consacrer 20 % à l’épargne et 80 % à la consommation vous rendra très fier de vous d’être passé à l’action.
Alors, combien d’années avant ma retraite?
Pour terminer, j’aimerais vous laisser avec un tableau qui démontre le nombre d’années d’épargne nécessaires pour arriver à vous accorder un plein revenu. Cet exemple se base sur un rendement moyen de 4 % par année net d’inflation sur vos placements ainsi qu’un taux normal de décaissement de 4 %, comme on l’utilise en planification financière.
Taux d’épargne | Années avant la retraite |
---|---|
5 % | 76 ans |
10 % | 60 ans |
15 % | 51 ans |
20 % | 44 ans |
25 % | 40 ans |
30 % | 36 ans |
Bien entendu, ce tableau part d’un capital de départ de zéro et vise un objectif de 100 % de son revenu à la retraite pour s’autofinancer pleinement. Cependant, il faut comprendre qu’à la retraite, notre besoin n’est peut-être pas de 100 % de notre revenu étant donné que bien souvent, notre maison est entièrement payée, nos enfants ont quitté la maison et une voiture suffit quand on vit en couple. Aussi, dans mon exemple, je n’inclus aucun régime de retraite du gouvernement ni aucun fonds de pension, ce qui peut considérablement changer la donne.
Mon but ici est seulement de vous donner un électrochoc pour vous démontrer noir sur blanc qu’il faut agir avant de manquer de temps et d’arriver à la retraite sans moyen d’autofinancement.
Sur ce, je vous souhaite de vous arrêter un instant et d’analyser vos besoins à la retraite. Votre conseiller en gestion de patrimoine de même que son équipe sont là pour vous accompagner dans ce processus du début à la fin. Ce sont vos partenaires vers l’atteinte d’une retraite bien préparée.
Benoit Bérard
Le conseiller financier des gens aisés